Destination: Les Falaises de Sardaigne

Tout le monde parle de la Sardaigne et plus particulièrement les grimpeurs. Forcément, l'île possède un potentiel de grimpe énorme dans un cadre magnifique. Les photos dans les magazines ou sur les sites font rêver: le soleil, une mer azur, des grottes, des blocs et des grandes voies. Nous n'avons pas résisté à l'appel et avons organisé un petit périple malgré notre niveau modeste.
La suite présente notre voyage. Vous y trouverez des photos, des commentaires sur les voies; mais également des infos pouvant servir de base pour organiser un voyage sur l'île.

Préparatifs

Nous recherchons un maximum d'information sur les possibilités de grimpe à notre niveau (de 5 à 6b) et les logements en camping. De nombreux sites fournissent de tels renseignements. Voilà les plus pertinents à mon humble avis:
Camping: www.camping.it, Grimpe: www.sardiniaclimb.com, Tourisme: www.sardiniapoint.it
Nous nous procurons également le topo Pietra di Luna qui nous permet d'établir un itinéraire. Il faut se méfier, à partir du mois d'octobre de nombreux camping ferment et il ne reste souvent que peu de possibilités. Nous retenons les sites suivant: Cala Gonone (Cala Fuili, Biddiriscottai, Poltrona), Posada, Cala Spinosa, Osilo et Alghero; et les campings d'Orosei (Sa Prama, Cala Ginepro), Siniscola (Ginestre), Aglientu (Strada Statale Santa Teresa-Casteldsardo), Sorso (Li Nibari). Cf feuille de route.
Afin de faire un peu de tourisme, nous achetons également le guide touristique Sardaigne, Guide Voir des éditions Hachette.

La Traversée Maritime

Nous décidons d'effectuer la traversée en bateau avec la compagnie CMN qui relie entre autre Marseille à Porto-Torres. Les billets sont réservés sur le site web de la SNCM pour un aller-retour en période verte (ou creuse). Le montant du billet s'élève en automne 2003 à 450 euros aller-retour pour trois personnes en cabine sans hublot et une voiture (berline). Le navire, baptisé Scandola, quitte le port le lundi 20 octobre 2003 à 18h30 pour arriver le lendemain à 12h.

Trajet à Orosei

À 12h, la faim commence à ronger les estomacs. Nous nous dirigeons donc vers Sassari (deuxième ville Sarde) pour aller pêcher des infos à l'office du tourisme, notamment sur les possibilités de logement en Sardaigne et les restos de la ville. Comme dans toutes les villes, le stationnement est un calvaire, mais nous finissons par trouver notre bonheur. L'accueil au centre touristique est très chaleureux. Nous recevons un livret contenant tous les campings de la région avec les périodes d'ouverture, une liste des "gîtes" et une carte routière et touristique de Sardaigne. Nous allons ensuite manger dans une Trattoria nommée Assassino (30 euros pour trois personnes) qui nous a été recommandée à l'office du tourisme et dans le guide touristique. Finalement, nous ne sommes pas déçus par ce petit détour à Sassari.
Nous poursuivons notre route à destination d'Orosei. Nous effectuons une halte devant un nuraghe qui borde la route. Les nuraghi, datés de 1800 à 500 av. J.C., font partie intégrante du paysage sarde. Ces édifices forment une tour unique constituée de rangées de pierres assemblées sans mortier. Ils abritent une pièce, toutefois certains sont composés de plusieurs niveaux.
Finalement nous arrivons au camping deux étoiles Sa Prama situé à 11km au nord de la ville. (J'éclipse ici les difficultés d'itinéraire rencontrées sur la route et à Orosei pour trouver le camping). La communication est difficile avec le responsable surtout que nos notions d'Italien sont réduites à néant. En fin de compte avec quelques mots d'Anglais et des gestes, nous arrivons à expliquer que nous sommes trois avec une voiture et deux tentes. Nous arrivons même à demander si le camping de Cala Gonone est encore ouvert. Il se renseigne par téléphone au camping et nous explique tant bien que mal qu'il va fermer dans les prochains jours (un ou deux). Nous sommes donc contraints de faire 45 min de trajet pour aller sur les sites de Cala Gonone.
Le choix d'emplacements est vaste en cette saison et nous assemblons les tentes en bordure du camping face à la mer. Rapidement nous préparons le dîner pour aller nous coucher.

Découverte des sites

La journée s'annonce humide. Le Soleil est absent, mais la grisaille est là. Sans grande motivation, nous partons faire un repérage des sites. En traversant Dorgali, nous nous arrêtons dans un office de tourisme pour connaître les possibilités de logements autre que le camping. Nous rencontrons encore et toujours les mêmes problèmes de langue. Ils nous expliquent où trouver un genre de gîte et nous donnent un numéro de téléphone pour louer un appart sur Cala Gonone. Mais les personnes à contacter parlent uniquement Italien et Allemand, ce qui nous donne aucune chance de fixer un rendez-vous. De plus nous préférons limiter notre budget logement; nous décidons donc de rester au camping pour les jours à venir.
Nous trouvons sans mal le site de Cala Fuili (Il suffit d'être vigilant en arrivant sur Cala Gonone). La pluie fait alors son apparition et avec sérénité nous pique niquons dans une grotte en bord de mer. Peu après la fin du repas, son activité cesse et nous entamons notre découverte du site. Nos doigts picotent, nos yeux admirent les falaises. Que du bonheur nous attend dès que le temps sera plus clément. Nous tombons par hasard sur une borne. Avec incertitude, nous déchiffrons les inscriptions del Bue Marino et Cala Luna. Tiens, puisque nous ne pouvons pas grimper, une petite rando en sandale fera l'affaire.
Nous marchons encore et encore. La pluie se joint à nous sans retenue. Au bout d'une heure trente nous arrivons à une bifurcation. Une borne semblait indiquer les directions, mais ce n'est plus le cas. Nous observons juste qu'un sentier descend vers la mer tandis que l'autre poursuit le long de la côte. Nous n'avons pas le courage de poursuivre trop loin et descendons vers la mer. Le sentier devient vite accidenté et "pommatoire", mais conduit tout de même en bord de mer. Je ne peux vous dire si la calanque était belle. La pluie était alors si imposante et notre fatigue telle, que nous nous sommes juste arrêtés quelques minutes. Nous faisons donc demi-tour. Comme prévu le sentier n'est pas évident à suivre jusqu'à la bifurcation.
La journée est passée bien vite et arrivé au camping il est l'heure de souper. Nous allons dans une pizzeria proche du camping et en profitons pour y faire sécher nos vestes. Quelle honte !! Durant le repas, une flaque d'eau a pris vie sous la table !!

Premier jour de grimpe

La pluie n'est pas là? Le ciel est bleu? Non, il ne faut pas trop en demander. Le temps est idéal pour aller grimper, absence de pluie et fraîcheur. Nous nous installons sur la plage pour prendre le petit déjeuner. C'est un grand moment de bonheur dès le matin.
Enfin nous partons grimper à Cala Fuili. Ce site comprend de nombreuses voies dans tous les niveaux. Nous allons grimper dans le secteur Spaggia Ovest, un des trois secteurs les plus faciles. Les deux plus belles voies sont Kho Phi Phi et Sixteen en 6a+. Elles se trouvent à l'extrême gauche (en regardant la mer) au bord de l'eau. Mais attention, les voies voisines ne sont pas bien purgées, de nombreuses pierres sont tombées. Avant de partir, nous allons faire quelques voies dans le secteur Spaggia Est et nous terminons notre journée à la nuit tombée. De retour au campement nous prenons le nécessaire à cuisine et partons sur la plage pour souper. Au menu, pâtes au pesto à la Silicienne. En l'absence de la lune, la nuit est bien noire avec le seul scintillement des étoiles.
Voies verticales et techniques. Nous avons grimpé sur les voies:

En route pour Cala Luna

Réveil à 6h45 pour assister au lever du Soleil qui se fera derrière le seul nuage qui rêvasse encore. De nouveaux nous prenons le petit déjeuner sur la plage déserte. Nous nous préparons psychologiquement pour aller se baigner. L'eau doit être à 17°. On n'y reste pas longtemps, mais cela reste agréable.
En route pour Cala Luna, nous laissons donc la voiture à Cala Fuili et reprenons le sentier de l'avant veille; mais cette fois en plein Soleil et avec le matos. Pour les plus flemmards, des navettes proposent un aller-retour par la mer pour environ 15 euros. La marche est longue. Cala Luna se trouve à 2h de Cala Fuili. Mais le récompense est grandiose, notamment 30 min avant d'arriver, une vue splendide sur la calanque s'offre à nous. Ce n'est pas fini. Le panorama du secteur Scoglio Di Luna nous coupe le souffle. La grimpe y est très agréable même si les relais sont douteux.
Le soleil se dissimule déjà derrière l'horizon. Il est temps de rentrer avec une frontale pour trois par nuit noire !! Nous arrivons vers 20h à la voiture.
Voies verticales et techniques qui engagent. Nous avons grimpé sur les voies:

Biddiriscottai

Ce matin nous avons droit au lever du soleil dans toute sa splendeur. Le ciel est parfaitement bleu. La journée va être grandiose. De bonne heure nous arrivons sur le site. La grotte est magnifique avec des voies faciles, mais patinées, au centre. Un sable grossier tapisse le sol. C'est un pur régal de grimper dans ce cadre. Mais nous ne sommes pas les seuls à le penser, car rapidement au fil de la journée la falaise se remplit.
La mer est également à proximité du site, pour ne pas dire en bordure. Un toboggan de sable permet d'accéder à une plate-forme de calcaire donnant dans l'eau. Les chaussures sont vivement recommandées si vous ne voulez pas marcher à quatre pattes sur la roche rongée. Le secteur de Biddiriscottai étant pris d'assaut; après notre petit bain et un bon pique-nique, nous partons sur la secteur voisin Hard Lover où de belles voies en 6a nous attendent.
Dans la soirée , nous décidons de lever le camp le lendemain pour aller à Capo Testa, où nous pensons bivouaquer.
Dévers et mur vertical. Nous avons grimpé sur les voies:

Capo Testa

Comme convenu nous levons le camp. La note du camping s'élève à 90 euros 50. C'est raisonnable pour 5 nuits. Avec enthousiasme nous prenons la voiture. Mon copilote prépare des arrêts touristiques tandis que nous remontons vers le nord. Première étapes, la Tomba dei Giganti Coddu Vecchiu prés de la ville d'Arzachena. Manque de peau, le site est payant (2 euros) alors que le guide précise que l'entrée est libre. Nous faisons demi-tour est allons à notre prochain point le Capo d'Orso. A croire que la journée sera pourrie. La route qui mène au cap est en travaux et nous ne pouvons pas passé. De plus le vent se lève, densifiant le manteau nuageux. Tant pis pour le tourisme, nous partons illico-presto vers la Capo Testa où une magnifique falaise de granit rose nous attend. Nous trouvons le site Cala Spinosa sans trop de mal. La roche est magnifique avec ses formes arrondies et sa couleur rosée. Par contre, il semble que certaines voies ont été déséquipées, dont de nombreuses cotées en 5. Après quelques heures de grimpe, les premières gouttes de pluie tombent. Calmement, nous rangeons le matos et faisons nos dernières photos. Subitement, ceux sont des trombes d'eau qui s'abattent sur nous. Nous arrivons à la voiture trempés. Heureusement nous avons prévu de grands sacs plastiques dans lesquels nous mettons nos affaires trempées. L'option bivouac semble compromise. Nous partons donc directement vers Sorso, un village proche de Porto Torres avec un camping.
Dalle sur du granit rose. L'équipement semble rouiller rapidement. Nous avons grimpé sur les voies:

Osilo, dernier jour de grimpe

De nombreux sites entourent Osilo, nous choisissons de nous rendre à La Muraglia. Nous mettons 2 heures pour trouver le site, en essayant tous les chemins goudronnés ou non du coins. Voilà quelques explications sur la route à prendre. En provenance de Sorso, prenez la première bifurcation vers Sassari juste avant Osilo. Après quelques mètres, la route traverse la voie ferrée. Ensuite prenez le premier chemin goudronné sur votre droite. Vous arrivez immédiatement à un croisement en T. Prenez de nouveaux à droite. Ne vous étonnez pas si le goudron a pris la fuite !! Prenez enfin la première à gauche qui se dirige vers la voie ferrée. A partir de là, suivez les indications du topo (vous avez la falaise en vue).
Le calcaire est tout beau, tout neuf. C'est un régal qui nous fait oublier la galère pour trouver le site.
Dommage que nous ayons si peu de temps pour grimper. En plus nous ne pourrons pas revenir le lendemain puisqu'il faudra être au port pour 13h30. C'est la vie et nous savons comment revenir maintenant. Nous en profitons un maximum en attendant que le ciel s'obscurcisse.
Pour ce dernier soir en Sardaigne, nous mangeons dans une bonne Trattoria à Porto-Torres pour 47 euros (Désolé mais je ne me souviens plus du nom. Du port en remontant la rue principale, avant l'intersection en Y sur la droite). Nous terminons la soirée en écrivant quelques cartes postales dans un bar.
Voies verticales et à bras. Nous avons grimpé sur les voies:

Retour

La catastrophe !!! Il pleut comme vache qui pisse. Le rangement des sacs et des tentes est horrible sous cette pluie froide. En pyjamas, nous rangeons tout dans la voiture que nous garons ensuite près des sanitaires. Une petite douche chaude et nous nous en allons. Nous prenons le petit déjeuner dans le bar de la veille et achetons quelques souvenirs alimentaires. Nous nous installons à une table du Garibaldi pour le déjeuner. Je prends des pâtes aux fruits de mer délicieuses. Nous en avons pour 32 euros.
Le scandola quitte le port vers 16h30 pour arriver à Marseille à 7h30.
Le voyage s'achève ici. Au total 5 jours de grimpe, 2 jours et demi de voyage et 1 jour de pluie.
Le budget réel en euros: